
Autour de St-Jean d'Angély. Plus d'un siècle d'histoire, une clientèle fidèle et une identité artisanale assumée : la Minoterie Méchain veut désormais franchir un cap. Elle mise sur les jeunes boulangers pour accroître son carnet d'adresse.
Dans le paysage charentais-maritime, la Minoterie Méchain trace sa route depuis plus d'un siècle. Mais loin de se reposer sur son héritage, l'entreprise familiale entend aujourd'hui passer la vitesse supérieure. Aux commandes, Jean-Charles Levy affiche une ambition nette : produire davantage, séduire les jeunes boulangers et inscrire son moulin dans l'avenir, sans
jamais rompre avec ses racines locales.
La dernière minoterie indépendante du département s'est récemment illustrée en devenant partenaire de la sélection régionale du concours du Meilleur Jeune Boulanger de France, organisée le 30 septembre au CFA de Saint-Germain-de-Lusignan. Pour l'occasion, 100 kg de sa farine de Tradition Française Label Rouge " L'Angérienne " issue de blés 100 % locaux ont été offerts aux participants. "Soutenir ces jeunes, c'est investir dans nos futurs clients ", insiste Jean-Charles Levy.
4 000 tonnes de farine à l'année
L'accompagnement ne se limite pas à fournir la matière première : la minoterie propose également un appui à l'installation des primo-accédants et des formations dans son fournil, notamment autour des nouvelles pratiques de snacking. Un pari stratégique pour gagner des clients à l'heure où recruter des commerciaux devient plus complexe.
L'entreprise s'approvisionne principalement auprès de coopératives charentaises, avec Terre Atlantique comme partenaire majeur. Chaque année, 5 000 tonnes de blé y sont transformées, donnant 4 000 tonnes de farine. La clientèle se concentre dans un rayon de 200 kilomètres, jusqu'à Périgueux. "L'important, c'est d'être présent localement", martèle le dirigeant.
Un attachement au territoire qui s'exprime aussi à travers des recettes spécifiques mises au point par Sébastien Paviot, maître boulanger de la maison, chargé de la R&D et de la formation. Dans son fournil, il élabore des baguettes de pain avec des recettes de farine. "Je travaille le blé que nous venons de moissonner, il vient tout juste d'être écrasé, explique-t-il. Je l'intègre tout doucement dans les recettes pour avoir le moins d'irrégularité possible."
"Le cœur de notre métier, c'est la proximité"
De la salle d'accueil, autrefois habitation familiale, au bâtiment dit " plancher " où la farine reposait dans des toiles de jute avant d'être vendue, le site a évolué avec son temps. Le métier aussi : des sacs de 100 kg portés sur l'épaule il y a cinquante ans, on est passé à des conditionnements de 25 kg. Mais l'esprit familial perdure et chaque hiver, le PDG visite un à un ses clients.
La gamme, riche d'une quinzaine de farines panifiables et d'une vingtaine de spéciales, reflète cette volonté d'innovation permanente. La prochaine étape ? Nouer un partenariat avec un Meilleur Ouvrier de France pour asseoir une référence nationale.
La modernisation passe aussi par l'écologie : les trois bâtiments sont désormais équipés de panneaux photovoltaïques, permettant quatre mois d'autoconsommation par an et divisant par deux la facture d'électricité. L'électricité excédentaire est revendue, ajoutant une source de revenus complémentaires.
En visant les jeunes talents, tout en capitalisant sur plus d'un siècle d'histoire et un ancrage territorial fort, la Minoterie Méchain entend continuer à grandir, sans renier son identité. "Le cœur de notre métier, c'est la proximité. C'est ce qui nous guide depuis 1912", résume Jean-Charles Levy.
Minoterie Méchain 801 Chemin du Grenet, 17400 Courcelles